I / A - Les principaux acteurs du trafic

      
1)Le plus grand trafiquant d’armes au monde: Viktor Bout

   Carrure massive, 1,80 mètre, yeux bleus, bedonnant, Victor Bout ne détestait pas le côté mythique qui entourait son nom. Né à Douchanbe, au Tadjikistan, en 1967, il sert dans un régiment d’aviation soviétique en tant que navigateur, séjourne deux ans au Mozambique, puis officie dans les services secrets, le KGB, lorsque la chute du Mur lui offre de nouvelles opportunités. Il pressent très vite la défaite du monde soviétique et se sert de ses relations ainsi que de sa connaissance de six langues, perfectionnées à l’Institut militaire des langues étrangères à Moscou, où il apprend le persan, le français, le xhosa, le zoulou.

Viktor Bout escorté par des commandos thaïs à son audition à Bangkok


    Considéré par les États-Unis comme un des plus grands marchands d'armes clandestins du monde, il a été reconnu coupable à New York d'avoir voulu vendre un arsenal de fusils et missiles digne d'une armée à des agents secrets américains se faisant passer pour des guérilleros des FARC. Il est passible d'une peine comprise entre 25 ans de prison et la perpétuité. Au-delà des poursuites engagées par la justice américaine, Viktor Bout est soupçonné d'avoir utilisé une flotte d'avions cargo constituée après la fin de la guerre froide pour transporter des armes en Afrique, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient. Surnommé le "marchand de mort", il a inspiré le personnage joué par Nicolas Cage dans le film "Lord of War" (Le seigneur de la guerre) sorti en 2005.
Le trafiquant d'armes le plus connu du monde a été mis hors d'état de nuire en novembre dernier. Cette fois-ci, le Russe Victor Bout voulait revendre aux combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) des missiles SAM sol-air, dont une centaine «immédiatement», plus des hélicos et des lance-roquettes capables de percer le blindage des tanks. Avec son complice Andrew Smulian, qui revient de Bucarest, le trafiquant d’armes propose de parachuter le tout au-dessus de la forêt colombienne pour une commission de 5 millions de dollars, plus le prix de la marchandise. Lorsque le dictateur zaïrois Mobutu est en difficulté, «VB» oublie qu’il vend des armes aux rebelles et lui envoie un avion. Bon prince, il cultive ses liens avec les Etatss, mais aussi avec les Nations unies. Il expédie des Casques bleus en Somalie lors de l’opération Restore Hope en 1993 alors qu’il vient d’alimenter plusieurs guerres africaines, puis convoie des négociateurs aux Philippines lors de la prise d’otages des touristes occidentaux détenus sur l’île de Jolo. Après le tsunami de décembre 2004, il livre des produits alimentaires au Sri Lanka. Quand George W. Bush divise le monde du XXIe siècle en pro et anti-Américains, Bout, lui, se déclare des deux bords, sait-on jamais. Victor Bout, à force d’inonder le monde entier en armes depuis la fin de l’Empire soviétique, se croyait immunisé, la suite a prouvé que non. C’est au 27e étage d’un hôtel cinq étoiles de Bangkok, le Silom Sofitel, avec piscine, chambres à 250 dollars et vue imprenable sur la ville, que Victor Bout est finalement tombé. Il encourt une peine comprise entre 25 ans de prison et la perpétuité.

 
Bande annonce du film "Lord of War" 





    2) La situation africaine
    Dans les guerres modernes, ce n’est plus la quantité des hommes mais plutôt les armes qui font la différence. Mais peu d’états africains peuvent produire ces équipements sophistiqués. Ainsi les forces armées doivent souvent acheter leur matériel sur le marché international.

    Les États africains ont de plus en plus de mal à contrôler les trafics illicites dus principalement aux nombreux conflits qui persistent sur ce continent. Par exemple, en République du Congo dans le cadre du conflit qui aurait fait plus de 3 millions de morts depuis 1998, des experts de l’ONU ont trouvé des liens entre le pillage du pays et les réseaux de trafic d’armes basés principalement en Afrique et en Europe. Mais encore plus étonnant, ils affirment que les plus gros acquéreurs d’armes sont les entreprises et non pas les groupes rebelles.

L'un des mouvements rebelles les plus importants, la milice de Peter Gadet
    En Algérie, pays «où tout s'achète, tout se vend, pour peu qu'on y mette le prix», les terroristes parviennent à s'approvisionner en armes à travers l'immense frontière sud avec les pays du Sahel qui sont connus pour être d'inépuisables réservoirs d'armes.
En 2006 les préfectures d'Oum El-Bouaghi et de Tébessa ont défrayé la chronique avec la découverte de 300 000 cartouche et plusieurs tonnes de poudre importées de l'étranger.

    Autre exemple au Liban, où le trafic des armes s'est intensifié à la fin de l'année 2010 suite à l'assassinat du Premier Ministre Rafic Hariri. Le mandat du Tribunal spécial pour le Liban est de poursuivre les personnes responsables de l’attentat du 14 février 2005 qui a entraîné la mort de l’ancien Premier Ministre libanais et d’autres personnes.

    Depuis les attentats du 11 septembre 2001, tous les États tentent de lutter contre le terrorisme or le trafic d’armes est très certainement une des causes de ces crimes meurtriers. C’est pour cela qu’en septembre 2002, l’Union Africaine a adopté un plan d’action pour contrôler les frontières et ainsi surveiller l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères et de petits calibres. Quel que soit l'État africain, il doit se procurer préalablement un certificat signé par le secrétariat exécutif de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), s’il veut acheter des armes. Grâce à ce plan, la CDAA (Communauté de développement de l’Afrique Australe) et la CEDEAO sont enfin réunies pour une même cause. 


    Bien que des mesures soient prises, certains États ne les respectent pas. Beaucoup de grandes puissances comme les États-Unis, l’Angleterre, la France ou encore l’Allemagne ne prêtent pas énormément attention au sujet des transferts illicites envers les pays en guerre civil, comme le Soudan par exemple. Plusieurs enquêtes ont prouvé que des États avaient falsifié des documents officiels. Amnesty International accusa en juin 2002 la France, la Russie, l’Italie, l’Angleterre et l’Allemagne d’avoir livrés des armes illégalement en Afrique. Il existe un autre cas très connu: celui de la France et du Rwanda. Dans les années 90, le Rwanda se battait contre le FPR (le front patriotique rwandais) et la France fournissait le Rwanda en armes complètement illégalement puisque l'ONU avait lancé un embargo. La France a toujours reniée son implication et cela reste un sujet tabou.